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Paris, de Louis Aragon (1944)

 

Où fait-il bon même au coeur de l’orage
Où fait-il clair même au coeur de la nuit
L’air est alcool et le malheur courage
Carreaux cassés l’espoir encore y luit
Et les chansons montent des murs détruits

Jamais éteint renaissant de la braise
Perpétuel brûlot de la patrie
Du Point-du-Jour jusqu’au Père-Lachaise
Ce doux rosier au mois d’août refleuri
Gens de partout c’est le sang de Paris

Rien n’a l’éclat de Paris dans la poudre
Rien n’est si pur que son front d’insurgé
Rien n’est ni fort ni le feu ni la foudre
Que mon Paris défiant les dangers
Rien n’est si beau que ce Paris que j’ai

Rien ne m’a fait jamais battre le coeur
Rien ne m’a fait ainsi rire et pleurer
Comme ce cri de mon peuple vainqueur
Rien n’est si grand qu’un linceul déchiré
Paris Paris soi-même libéré

 

     Aragon est un poète français du XX° siècle. Il était communiste et lors de la deuxième guerre mondiale, il s'est engagé contre les nazis. Paris est un poème écrit en 1944 qui rend hommage à la capitale juste après sa libération en août de la même année. Nous verrons dans cette étude comment Aragon lui fait honneur. Dans la première partie nous étudierons le portrait que le poète dresse de Paris et dans la deuxième partie sa renaissance depuis la défaite de 1940.

 

     On peut remarquer la répétition de « même au cœur » aux vers 1 et 2 qui signifie que Paris est une lumière (« bon » et « clair ») au cœur des ténèbres (« orage » et « nuit »). On peut aussi noter l'anaphore « Rien ne » allant du vers 11 au vers 19 qui eut dire que Paris est tout. Il y a plusieurs antithèses comme « nuit » et « luit » aux vers 2 et 4, « rire » et « pleurer » au vers 17, « doux rosier » au vers 8. Elles veulent montrer que Paris est tout, elle rapproche les extrêmes. L'inversion des valeurs au vers 3 « le malheur [est] courage » accentue cette idée.

Paris est comparé à un phœnix « renaissant de la braise ». Il veut dire que Paris est immortelle. Aragon souligne la présence de Paris à toutes les époques au vers 8. Le point-du-jour représente l'aube, le début et le Père Lachaise est le nom d'un cimetière parisien et représente donc la mort et la fin.

 

     Ce poème est l'histoire d'une renaissance, celle de Paris. On retrouve le réseau lexical du malheur dans la première moitié du poème. Aragon parle d'« orage », de « nuit », de « malheur », etc. On retrouve aussi le réseau lexical de la guerre, « sang », « poudre », « insurgé », etc.

Au final, c'est Paris qui gagne cette guerre. Le « peuple vainqueur » dont Aragon parle au vers 18 est le peuple français. Le vers 9 parle aussi de cette libération. Paris est comparé a une rose qui refleurit au mois d'août. Or, Paris a été libéré en août 1944. En utilisant l'image du linceul, Aragon dit que Paris était mort mais qu'il est ressuscité.

 

     Dans Paris, Aragon célèbre la victoire de Paris sur les nazis. En effet, il considère que Paris s'est libéré tout seul et fait référence au discours de De Gaulle: "Paris martyrisé, Paris outragé mais Paris libéré". Alors qu'il a combattu pendant tous le conflit ces derniers, il est heureux de pouvoir fêter leur défaite. Il s'agit d'un poème d'espoir. Alors que tout semble perdu, Paris ressurgit de ses cendres.

 

 

 



 


 

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